déc18th2019

LAVOISIER

Tous les élèves de lycée en classe de seconde ont retenu du cours de chimie la formule célèbre : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » et des générations de potaches ont transpiré pour équilibrer les deux membres des réactions chimiques de leurs devoirs afin de respecter la conservation des masses.

Ce qu’on sait moins, c’est que ce chimiste génial, découvreur/inventeur de l’oxygène, de l’hydrogène, de la combustion rapide, de l’oxydation lente,  de la respiration,   qui a posé les bases de la chimie moderne a été guillotiné à l’âge de 50 ans en 1794, le président du tribunal révolutionnaire ayant déclaré : « La république na pas besoin  de savants, ni de chimistes ». A quoi feront écho les révolutionnaires de mai 68 en criant : « Jouissons sans entrave ! »

Et nous avons progressivement oublié la leçon du génial chimiste : Nous nous déplaçons dans un tel confort que nous avons facilement l’impression que le carburant des réservoirs de nos voitures qui disparait à chaque kilomètre parcouru, se transformant en mobilité, ne laissant pour trace qu’une vague trainée vite dissipée à l’arrière de nos véhicules.

L’euphorie procurée par un déplacement sans effort est trompeuse, car le carburant consommé ne s’est pas transformé en énergie. Toute la masse d’hydrocarbures de nos réservoirs se retrouve intégralement à la sortie du pot d’échappement, augmentée des masses d’oxygène et azote combinées au cours de la réaction de combustion. C’est l’énergie libérée au cours de la réaction qui est utilisée pour actionner le moteur du véhicule. Rien ne se perd…

Et les spécialistes du moteur à combustion interne vous diront que seulement 30% environ de l‘énergie de réaction est transformée en énergie mécanique, ce qui n’est pas un rendement vraiment formidable, le reste de l’énergie étant évacuée dans l’atmosphère par nos radiateurs sous forme de chaleur. Tout ça pour ça.

Toute la masse de pétrole extraite de la planète se retrouve intégralement sous forme de produits de combustion  gazeux, après être passés dans nos moteurs, nos réacteurs et nos chaudières et sont relâchés dans l’atmosphère, et de plastiques sous forme solide qui finissent, après un court séjour dans nos maisons et nos voitures,  dans nos décharges terrestres  ou dans l’eau de nos rivières et des mers.

Ma femme de ménage, qui n’a pas fréquenté Lavoisier, m’a récemment  cité cette formule : « Rien ne se perd, tout s’égare. »

Ce n’est pas faux ; mais qui fera le ménage ?

*Antoine Laurent de Lavoisier 1743-1794