L’Avenir de l’agriculture vosgienne Février 2002

Publié le 13 mai 2013

L’agriculture, ou plutôt les agriculteurs, ont manifesté depuis 10 ans beaucoup d’ingéniosité. Le récent recensement agricole réalisé en 2000 permet de mesurer fes transformations de ce secteur économique. A côté d’exploitations professionnelles (50%), les petites structures sont encore nombreuses. Elles contribuent à la variété de l’agriculture vosgienne. L’outil agricole est préparé pour le 21 ème siècle.

L’agriculture de demain se dessine aujourd’hui. Les premiers résultats du recensement agricole 2000 confirment l’évolution et tracent les lignes de force d’une agriculture profondément renouvelée, capable d’affronter les défis qui lui sont posés.

SURFACES CULTIVEES ET PRODUCTIONS STABLES

Premier constat: les surfaces cultivées restent stables. Sur les 590.000 hectares de territoire vosgien, l’agriculteur en occupe 37% soit 218.400 hectares.

La surface agricole utilisée par les exploitations est restée identique depuis 1988, date du précédent recensement.

Si les surfaces fourragères, avec 138.000ha régressent légèrement, celles – ci restent essentielles. Progressivement le maïs fourrager se développe (+ 2%), ainsi que les céréales et oléagineux (+ 6%).

Les Vosges sont et demeurent un département d’élevage, mais une évolution se produit et le troupeau de vaches laitières amorce un déclin en passant de 92.300 à 70.150 (- 24%), tandis que l’élevage bovin destiné à la viande progresse sensiblement de 12.400 à 21.700 ( + 75%). Grâce à l’amélioration des rendements, la production laitière reste constante. deux raisons peuvent expliquer cette évolution: la mise en place des quotas laitiers (aujourd’hui acceptés) a stabilisé la production laitière à un bon niveau, d’une part, et le travail qu’impose cette production (tous les jours matin et soir) met en cause l’organisation du travail lorsque l’exploitation est familiale et repose sur une seule famille d’autre part

MOINS D’EXPLOITATIONS, AVEC UNE SURFACE MOYENNE DOUBLEE

Deuxième constat: le nombre d’exploitations a considérablement diminué :

on est passé en 12 ans de 7.465 à 4.440, soit une baisse de 41%. Pour ceux qui n’habitent pas la campagne, cette réalité n’est pas apparente du fait même, nous venons de le dire, que la surface agricole utilisée est restée pratiquement inchangée et le paysage vosgien demeure en l’état.

Autant de terres cultivées, autant de lait produit par beaucoup moins d’exploitants qui ont diversifié leur production (viande bovine, agriculture « bio ») ou leurs activités (tourisme rural, vente directe de produits transformés).

Ce deuxième constat peut surprendre et doit être expliqué. A cela, deux raisons: les structures d’exploitation ont changé et les chefs d’exploitation se sont renouvelés; une nouvelle génération d’hommes et de femmes ont pris place; ils sont mieux formés, capables d’initiatives tant au niveau technique qu’économique.

Nous savons que le remembrement rural faciliterait la mécanisation du travail agricole. Nous constatons qu’il favorise aussi le regroupement des exploitations, soit par le départ des uns – les préretraités ont accéléré ce processus – soit par le développement d’abord des GAEC ( groupements d’exploitations) et maintenant de plus en plus de EARL ( établissements à responsabilité limitée).
L’exploitation agricole (entité économique) se distingue de ce qu’on appelle encore l’exploitation familiale d’hier. D’ailleurs il n’est pas rare que, soit la femme, soit l’homme occupe une activité salariale différente.
Si la surface moyenne d’exploitation est passée de 29 ha en 1988 à 49 ha en 2000, il faut savoir que 20% des exploitations agricoles ont plus de 100 ha et occupent 60% de la surface utilisée du territoire vosgien, tandis que les petites exploitations (moins de 10 ha) qui restent présentes n’utilisent que 2% de la surface.
Bien que plus lentement et avec plus de difficulté due au relief et au climat, les tendances et les mutations que nous venons de signaler s’appliquent aussi à la zone de montagne, notamment dans sa partie Sud, où un effort a été fait pour limiter les boisements anarchiques.
COMPETENCE ET ENTREPRISES VIABLES
Après lecture de ce bilan, une questionvient à l’esprit :
L’agriculture vosgienne a t – elle un avenir ? Notre réponse est évidemment positive, mais des conditions doivent être remplies pour cela. C’est aux responsables qu’il appartient de répondre aux besoins d’un secteur économique prometteur.
Est – il prometteur ?
Où que nous soyons et quelle que soit notre activté, nous le savons, ce sont les
hommes et les femmes qui se rendent capables ou non de bâtir leur avenir.
Or, nous le constatons, pour l’agriculture vosgienne, les chefs d’exploitations sont mieux formés et plus jeunes. Un tiers d’entre eux ont une formation agricole secondaire ou supérieure, 5″% ont moins de 50 ans. Gestionnaires et techniciens dans leur activité professionnelle, ils ont la base indispensable à un développement agricole durable.
Par ailleurs, beaucoup de ces exploitations ont acquis une existence économique équilibrée grâce à de meilleures structures d’exploitartion, grâce à une maîtrise des investissements et grâce aussi aux concours financiers de la collectivité locale, nationale, et surtout européenne.
Les aides sont légitimes, car, nous le savons bien, l’aménagement du territoire ne peut se concevoir sans une agriculture vivante. Nous savons bien aussi que la qualité de notre alimentation est liée au maintien d’une agriculture raisonnée donc raisonnable.
Les épreuves récentes ont facilité notre prise de conscience et développent en nous des sentiments de solidarité pour une activité indispensable à notre avenir commun.

EN BREF :
– 56% des chefs d’expioitation et co – exploitants travaillent à temps plein.
– 1/3 ont une formation agricole secondaire ou supérieure.
– 54% ont moins de 50 ans contre 41% en 1988
– 3.421, soit 64% ont une profession principale agricole, 17% sont inactifs et 18% exercent un métier non agricole.
– Sur 5332 chefs d’expioitation et co – exploitants, 22% sont des femmes.
– 92 exploitations pratiquent l’agriculture biologique et 146 ont une activité liée au tourisme.
– 36% des exploitations sont équipées d’une installation de stockage de fumier.
LE BOOM DES EARL, ETABLISSEMENTS A RESPONSABILITE LIMITEE
Depuis 1988, les formes sociétaires ont fortement évolué. Le nombre de GAEC et EARL a presque doublé en 12 ans. Créés en 1985, tes EARL se sont fortement développés. En 1988, on en comptait 14. Ils sont au nombre de 260 en 2000.
Les sociétés constituent 19% des exploitations. Elles cultivent 51% de !a surface utile. Elles ont une surface moyenne 4 fois plus grande que celle des exploitations individuelles. Bien qu’ayant diminué, celles – ci représentent encore 80% des exploitations. Elles cultivent 49% de la surface agricole utile.
Février 2002

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