sept6th2017

PLAIDOYER POUR LES DEMUNIS

                                                               Derrière l’expression « salauds de pauvres » à l’allure brutale et « trash », qui serait reprise de Céline et qu’on retrouve dans le film « La traversée de Paris » ainsi que dans un sketch de Coluche se cache une réalité glaçante traitant du rejet de l’assistanat aux plus démunis.

LES PAUVRES SUR LE BANC DES ACCUSES:

Dans un des ses livres, ATD quart monde écrit: « Les pauvres sont sur le banc des accusés. S’ils le voulaient vraiment, la plupart des chômeurs pourraient trouver un emploi! Ceux-ci sont soupçonnés de penser qu’il est plus avantageux de percevoir des avantages sociaux que de travailler car, comme le RSA, ces aides les incitent à s’en contenter, donc à ne pas travailler.

UN PHENOMENE DE PLUS EN PLUS REPANDU:

De nombreuses études montrent que les opinions suivantes sont de plus en plus répandues:

- s’ils le voulaient vraiment, la plupart des chômeurs pourraient trouver un emploi.

- se faire prendre en charge par la collectivité enlève aux familles aux ressources insuffisantes tout                sens des responsabilités.

- les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont pas fait d’effort pour s’en sortir

- qu’il est parfois plus avantageux de percevoir des avantages sociaux que de travailler

- que les pouvoirs publics en font de trop

- que le RSA incite les gens à s’en contenter et ne pas travailler

 

Ces considérations se font dans toutes les couches sociales:

-  D’abord les travailleurs pauvres qui se posent la question s’il vaut mieux ne rien faire pour bénéficier d’aides qui leur apporteraient un revenu supérieur

- les personnes assistées déplorent l’aide aux immigrés craignant pour leurs propres aides.

-  Les classes moyennes qui paient de plus en plus d’impôts sans que cela améliore le sort des plus pauvres et pour qui les valeurs traditionnelles font du travail un élément structurant de la vie sociale.

- les valeurs traditionnelles qui font du travail un élément fondamental de la vie sociale et même certains courants de la classe politique.

 

Causes conjoncturelles du dénigrement des pauvres:

- la persistance des difficultés économiques

- la mauvaise perception de l’impôt : on paie beaucoup pour peu de résultats

- remise en cause du modèle social par la mondialisation

- perte d’influence des politiques sociales

- le déclin de la religion chrétienne: la loi du plus fort s’impose partout

- l’immigration:

Le nombre des migrants est manifestement de plus en plus important, faisant craindre des embauches illégales (donc moins coûteuses)par des entreprises peu scrupuleuses, au détriment de nos propres chercheurs d’emplois. Leur prise en charge à leur arrivée en France paraît parfois idyllique aux yeux de ceux qui sont dans la misère depuis bien des années chez nous (prise en charge par les associations caritatives, facilitations administratives, recherche de logement et facilitation de celle d’un travail, soins médicaux etc…)

- la difficulté de recrutement de certains secteurs concernant en particulier des emplois non ou peu qualifiés qui participe indiscutablement à l’idée que « si on cherche un emploi, on trouve ».

 

CAUSES DE LA  PAUVRETE

Origine sociale, handicaps physiques ou psychologiques, facultés intellectuelles limitées, manque de formation, solitude, accidents de la vie, erreurs de parcours, etc..

Les pauvres sont ou se retrouvent dans des situations extrêmement difficiles et souvent inextricables.

En dehors des impasses financières dans lesquelles ils se retrouvent, ils n’ont pas les ressources intellectuelles ou morales (même pour le commun des mortels) qui leur seraient nécessaires pour s’en sortir. Le propos n’est pas de féliciter ceux qui ont réussi mais de constater la misère des plus défavorisés.

Les pauvres eux-mêmes peuvent tomber dans un fatalisme par rapport à leur propre situation, jugé sévèrement par les plus favorisés.

NECESSITE D’UNE PRISE DE CONSCIENCE PAR LES PLUS FAVORISES

Face à la misère, nous sommes tous, pour la plupart, des privilégiés. Nous devons en être conscients.

Cette prise de conscience est nécessaire alors qu’une partie des privilégiés aimeraient voir diminuer les aides même aux plus pauvres. Ceci peut paraître étonnant. Est ce par suffisance en raison de leur réussite sociale et financière?

Or, la prise de conscience d’être un privilégié passe par un raisonnement rarement évoqué: nous bénéficions pour la plupart d’un potentiel intellectuel normal et d’un environnement familial favorable mais nous sommes tus bénéficiaires d’une organisation économique et sociale qui encadre et soutient tout au long de notre vie nos propres efforts.

- Etat, enseignement, système de santé, police, justice.

- Les revenus du travail et plus encore les retraites s’inscrivent dans une organisation générale qui vise au bon fonctionnement de l’ensemble de l’économie et au bien-être de tous.

- Les chefs d’entreprise et les sociétés bénéficient des services de divers organismes professionnels et peuvent même recevoir des subventions.

- Maintes professions sont réglementées dans un but de protection.

- La différence se fait aussi par la capacité d’endettement qui est un levier essentiel de développement et de prospérité.

- Les personnes les plus argentées bénéficient au même titre que les autres des moyens collectifs matériels et immatériels mais, en plus, elles peuvent se payer les services de personnes ou de prestataires qui vont les conseiller et leur faciliter la tâche sur les plans professionnels et privés.

 

SOLIDARITE  INDISPENSABLE

De très nombreux privilégiés viennent en aide aux plus défavorisés (en plus de l’aide publique). Indépendamment de ceux qui peuvent offrir des emplois, beaucoup travaillent en milieu associatif pour les aider en tous domaines.

Beaucoup ont aussi obtenu leur « privilège » après un travail acharné et  bien des galères.

Ils comprennent mal que leur exemple ne soit pas suivi.

Il n’en reste pas moins que les « privilégiés » et ceux qui ne le sont pas assistent à des comportements étonnants de ceux qui sont sur la touche du travail par le refus de jobs même bien payés. Notre pays connaît des gisement d’emploi malheureusement non pourvus (ex: hôtellerie, restauration, bâtiment, industrie).

 

En conclusion: Même s’il existe une vague idéologique montante du type « salauds de pauvres », ceux que l’on considère comme « privilégiés » doivent rester vigilants  à ne pas la favoriser.

La juste mesure entre eux sera une solidarité bien conduite politiquement.

Il en va du respect des droits de l’Homme, de notre sens de la solidarité, de celui de l’humanisme et de l’honneur de tout un pays.