jan21st2017

LE »MODELE SOCIAL »: UNE EXPRESSION VIDE DE SENS?

Très à la mode politique actuelle, l’expression « modèle social » est pleine de charge émotionnelle positive. En effet, tout le monde aime des « modèles » même si ce terme peut être utilisé avec d’autres significations pour se référer. De plus, qui de nous n’a pas un cœur ouvert pour le « social »? Cependant, si on laisse à côté nos émotions un peu de place à la réflexion, on découvre vite qu’autour de ces termes les choses sont plutôt vagues, empreintes de significations différentes.

Modèle social: idéal ou réalité?

Commençons avec le terme « modèle ». Un modèle représente un idéal à atteindre. Ceci  n’est pas totalement impossible. Pensons à certaines photos de modèles ou à certaines réalisations architecturales dont leurs fans disent qu’ils correspondent vraiment à l’idéal. Or normalement, il y a un décalage entre le « modèle «  et sa réalisation.

Quant au « modèle social  français » la question reste permise si, dans la tête de ses « défenseurs » la situation actuelle correspond déjà à un idéal existant ou si, pour eux le « modèle français » correspond à un idéal à atteindre mais non à une réalité.  Vu toutes les critiques récurrentes des Français envers leur propre Etat, on a du mal à croire que les « défenseurs » du modèle français pensent vraiment que l’idéal soit déjà réalisé.  Si d’autre part, on pense que la réalité « sociale » actuelle ne correspond pas à l’idéal souhaité à travers l’expression  « modèle », il paraît étrange que les personnes soulignant le décalage entre idéal rêvé et réalité soient considérées  comme des « casseurs » du même modèle.

Ce débat est utile en ce sens que le « modèle social français » actuel a participé à la fabrication de 5 millions de chômeurs et de 8 millions de pauvres.

Qu’entendons nous par « social »?

Poursuivant la réflexion autour du mot « social ». Ce mot a changé de sens depuis des siècles. Longtemps il a désigné l’aspect qui concernait la société en générale. On trouve ce sens encore aujourd’hui dans le français actuel, par exemple dans l’expression « sciences sociales ». Or depuis des décennies le mot couvre souvent une signification plus étroite, se limitant à l’aspect des « pauvres », des « blessés (de la vie) », des vulnérables (enfants, personnes âgées, malades..) d’une société. On ne prend pas trop de risques en supposant que c’est dans ce dernier sens qu’on utilise aujourd’hui le mot « social », quand on parle du « modèle social ». Choisissant ici ceux qui ont perdu un travail ou cherchant en vain un travail comme étant le groupe le plus important des « blessés de la vie », la question est de savoir maintenant quelle forme de « social » nous voulons leur proposer. Le système « social » actuel consiste  - et là-dessus il existe un certain consensus entre la gauche et la droite – surtout (mais non pas exclusivement) à améliorer la qualité et la durabilité des « pansements » destinés à  prévenir des « infections » sous forme d’un glissement du chômage vers la pauvreté et la misère.

 Modèle « social »curatif ou préventif?

Chaque médecin sera d’accord pour dire qu’une médecine préventive, qui éviterait la blessure profonde du chômage, serait mille fois mieux que la médecine curative actuelle avec tous ses pansements, qui coûte cher et qui ne peut se maintenir à son niveau actuel qu’au prix d’un endettement grandissant de notre Etat. Or, si on propose des solutions qui réduiraient le risque de chômage, donc le risque des blessures profondes nécessitant des pansements coûteux, cela aurait pour conséquence de réduire les dépenses sociales. Mais une telle politique ne risquerait elle pas d’être considérée comme « antisociale » ? N’est-ce pas plus « social » de lutter contre les facteurs générant la pauvreté et la misère ?

Qui sera considéré comme  un bon médecin ou un bon responsable politique ? Celui qui s’engagera pour une approche préventive générale, risquant de passer pour « méchant » en privant des blessés de pansements, ou celui qui distribuera des pansements au coup par coup en négligeant de traiter les causes d’infection en amont?

 

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