LA FUITE DE NOS CERVEAUX
Publié le 20 novembre 2025

C’est une grande crainte pour notre pays de voir partir pour l’étranger une grande partie de nos élites formées par nos grandes écoles ou nos facultés. Essayons de faire le point sur cette importante question.
Tout d’abord, deux chiffres bruts pour donner une signification claire de l’ampleur du problème :
1er chiffre : 15 000 jeunes diplômés en France quitteraient le pays chaque année pour travailler à l’étranger alors que certaines entreprises peinent à embaucher. Cela représenterait 9% d’ingénieurs et 15% des écoles de commerce.
2ème chiffre : Cela représente 1 milliard d’euros de dépense pour l’état français en frais de formation.
Parmi ces jeunes talents formés, 60% pensent s’expatrier plus ou moins durablement et 40% pensent faire une étape de carrière avant de rentrer en France.
Ceux qui s’expatrient sont le plus souvent employés par des sociétés françaises installées à l’étranger.
Mais d’après Ipsos, ce serait 40 000 diplômés ingénieurs qui sont partis en dix ans surtout à partir des grandes écoles comme Polytechnique (19% de cette école choisissent l’expatriation), Centrale, Supelec.
Mais en contrepartie, la France accueille beaucoup d’internationaux qui sont intégrés dans les entreprises françaises (voir plus loin)
Où vont-ils : Une étude de juin 2025 auprès d’un millier de diplômés Bac + 5 révèle que 57% envisagent de partir dans les trois prochaines années. Les destinations de choix sont : le Canada (29%), la Suisse (22%) les USA (17%), l’Allemagne (16%).
Quelles sont les raisons de ces départs :
- Obligation scolaire
- Raison familiale : ces jeunes peuvent avoir envie de rejoindre leur famille ou une partie de celle-ci qui vit à l’étranger.
- Envie de connaître une expérience nouvelle (professionnelle, culturelle)
- Salaire
- Soutien moral et/ou financier plus évident qu’en France pour la recherche (pour les passionnés de recherche)
Quels sont les reproches faits à la France : un rôle trop prégnant des institutions, une pression fiscale trop lourde, une sensation de désintérêt de la part des autorités, un accès aux données plus difficile en raison de la réglementation RGPD, la pression administrative, ce qu’on appelle l’illusion entrepreneuriale : Un million de créations d’entreprises annuelles sans expliquer qu’une sur deux n’aura jamais d’activité réelle.
En France, le ministère des Finances subventionnerait trop de dispositifs inefficaces.
Des solutions sont proposées :
-Redonner une envie de rester par les salaires et facilitations diverses (logement, transports).
– Suppression les aides à des créations qui n’arrivent à rien. Il faudrait donner les aides à la première réussite : première vente, première exportation, premiers brevets obtenus.
– Attirer les chercheurs étrangers et rapatrier les Français partis
– Redonner une autonomie financière aux universités et liberté en recherche privée
QUE DEVIENNENT LES EXPATRIES :
Beaucoup d’expatriés ne reviennent pas :
Les ¾ estiment que la France est en déclin, que la conjoncture économique est mauvaise et 81% s’inquiètent de la situation politique.
Ils se sentent mieux à l’étranger du point de vue salarial même si la protection sociale est meilleure en France. Pour d’autres, c’est la possibilité d’acquérir un standing matériel et social plus facile qu’en France
LA FUITE DES CERVEAUX EST ELLE COMPENSEE PAR L’ARRIVEE D’AUTRES ?
Il y a une question centrale : chaque année, est-ce que les talents formés en France et partis à l’étranger sont compensés par l’arrivée de talents qui restent ou qui reviennent après une expatriation.
Difficile à dire car peu de données sur les talents étrangers qui entrent et sortent du pays. Pas de données précises.
Cependant le ministère de la recherche souligne que les effectifs des chercheurs en France ont augmenté de 34% entre 2011 et 2021.
Le rapport de l’emploi scientifique en France précise que 42% des docteurs diplômés en 2018 étaient de nationalité étrangère. Trois ans plus tard 53% travaillaient en France, 28% dans leur pays d’origine et 19% dans un autre pays. 20% des chercheurs permanents du secteur public sont de nationalité étrangère. Au Généthon travailleraient 59% de nationalités différentes.
Environ 85% des talents étrangers auraient une excellente image de la France.
Les grandes écoles recrutent un étudiant étranger sur 8, augmentant considérablement le nombre d’étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur français (50 000 en 2008, 320 000 en 2017).
Une nouvelle tendance s’amorcerait en 2025 : la fuite des cerveaux en provenance des USA en raison de la politique TRUMP avec comme pays d’accueil principaux le Canada, l’Europe, l’Australie.
Mais d’autres pays sont touchés par la fuite de cerveaux. Il y en aurait 60 000 par an au Maroc. L’inconvénient majeur de ces fuites est que ces jeunes diplômés manquent au développement de leur propre pays.
CONCLUSION
Ce phénomène ne doit pas être oublié sous peine d’accroître en France notre déclassement par rapport aux autres nations qui entrent dans la grande compétition mondiale de l’économie et du développement social.

