déc21st2020

VIOLENCE ET POLICE

La récente affaire de ce producteur de musique parisien, Michel Zecler, tabassé par des policiers le 21 novembre dernier, remet sur le devant de la scène médiatique ce thème récurrent de la violence et de la police.

Selon nos convictions au CRI, aborder cette relation ne devrait pas signifier remettre en question la violence légitime que la police doit utiliser parfois dans l’exercice de ses fonctions, basées sur la constitution et les lois démocratiques de notre République. Vu que le terme « violence policière », volontairement ambiguë, et repris par la majorité des médias français,  permet  aussi une mise en question anarchiste ou révolutionnaire de notre République, nous avons choisi pour cet article de ne pas l’utiliser.

La vraie réflexion et analyse autour de la question « violence et police » doivent, selon nous, porter sur des actes de violences non-légitimées de certains policiers.

Bien que rare par rapport aux effectifs policiers (270 000 personnes environ rassemblant police nationale, gendarmerie, police municipale), ces actes de violence non-légitime existent cependant. Chaque année d’ailleurs, l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) enquête sur les signalements de violence non-légitime et des policiers sont régulièrement exclus de la Police Nationale (39 en 2020).

Il existe une polémique actuelle sur le rôle de l’IGPN, certains trouvant que des policiers enquêtant sur d’autres policiers n’est pas chose normale et que d’autres instances devraient prendre en charge ce type d’enquête, même si celles-ci sont contrôlées par le pouvoir judiciaire (procureur, juge d’instruction).

Mais, comme exprimé dans l’introduction, le thème de notre réflexion n’est pas de mettre en cause la  violence légitime de la police qui peut correspondre à la force physique nécessaire à l’arrestation des délinquants difficiles à appréheder, mais d’essayer de comprendre pourquoi certains policiers ayant pourtant eu une formation (certains estiment qu’elle n’est pas parfaite), effectué des stages, faisant partie d’une profession qui bénéficie d’une image globalement positive dans l’opinion même si elle est en régression, peuvent complètement disjoncter, « péter les plombs », en mission officielle, avec ce corollaire de l’amalgame qui fait qu’une bavure policière rejaillit sur l’image générale de la police en la dévalorisant  fortement.

Avant d’aller plus loin, nous pensons qu’il faut distinguer la violence employée par la police lors des évènements mettant face à face un grand nombre de personnes, comme les manifestations et la violence face à un petit nombre d’individus (interpellations, arrestations, travail d’enquête, contrôles divers).

Dans le cadre des manifestations et de rétablissement de l’ordre public, on peut vraisemblablement mettre en avant le stress, plus ou moins bien géré individuellement   devant la violence devenue de plus en plus brutale de certains manifestants à laquelle il faut ajouter celle des casseurs qui est devenue quasiment systématique. Il suffit de regarder la télévision pour se rendre compte que les manifestations tournent presque systématiquement à la guérilla urbaine, chose inimaginable il y a encore une trentaine d’années (hormis mai 1968), où après concertation avec les forces de police, les manifestants mettaient en place un service d’ordre efficace.

Mais peut-on aussi mettre en cause des ordres venus de la hiérarchie directe voire d’un niveau supérieur (ministre de l’Intérieur, application d’une politique sécuritaire déterminée par le chef de l’Etat par ex.)?

En ce qui concerne la violence exercée en groupe par des policiers à l’encontre d’un ou de quelques individus, elle est beaucoup plus largement contestable. Encore faudrait il connaître avec exactitude les faits qui se sont déroulés avant la phase filmée de l’action violente (menace avec arme par le suspect, injures, problèmes préalables avec les forces de l’ordre) qui pourraient expliquer (et non justifier) l’action violente policière.

La peur pourrait aussi expliquer ces comportements, alors que la police française est considérée comme étant une des mieux équipées  mais qui est maintenant confrontée à l’utilisation d’armes de guerre.

Le racisme est souvent évoqué par les victimes de la violence employé par certains policiers alors que les rangs des forces de l’ordre comportent des gens de couleur. Ceux là sont ils racistes vis à vis des noirs ou toute autre couleur de peau? Les suspects ne sont ils pas racistes à leur tour en traitant les policiers blancs de « faces de craie »?

Il  y aurait également beaucoup à dire sur les relations police-justice qui n’apparaissent pas toujours bien concordantes et sont souvent décourageantes pour nos gardiens de la paix.

On s’aperçoit qu’en réalité les choses sont fort complexes et qu’il est nécessaire d’avoir le résultat des enquêtes et expertises avant de connaître la vérité qui, pour le grand public, passe malheureusement en priorité par l’impact émotionnel apporté par les media.

En ce qui concerne maintenant les vraies violences non-légitimes, nous pensons qu’une des voies de solution passe, au delà des armes, de l’équipement, de l’entraînement physique, par un meilleur conditionnement psychologique de nos policiers pour mieux faire face aux différentes situations auxquelles ils peuvent faire face et d’envoyer en opération celles et ceux qui sont les mieux préparés à celles-ci.

Il ne faut cependant pas oublier que c’est la police qui nous protège de la criminalité, contre la drogue, le terrorisme et que bien souvent de ses membres y laissent leur vie. La République en a absolument besoin.

Mais pour que le peuple de France adhère parfaitement à notre police, celle-ci doit en priorité s’armer moralement pour que soit respectée la loi de la morale républicaine. Nous sommes bien conscients qu’il aujourd’hui pas facile pour nos policiers de répondre à cette exigence. Pourquoi? Certains courants d’opinion pensent qu’on les instrumentalise dans un pays, qui depuis des années est en haute tension interne –certains parlent de « guerre civile larvée » -, avec des responsables politiques qui, agissant à court –terme, louvoient entre affirmation d’un Etat « fort » et des attitudes et des communications « anti-système ».

Dans beaucoup pays démocratique, on est convaincu que  les problèmes politiques de fond doivent être résolus par des responsables politiques, sans violence, même sans violence légitime, donc sans police.  Or, notre pays a connu des moments, où la « solution » des problèmes politiques et sociaux paraissait uniquement gérables qu’à travers la violence, légitime ou non-légitime.

Nous en avons un exemple, Adolphe THIERS, dont le nom est présent dans l’appellation de nombreuses rues, places et boulevards de France, qui réprima dans le sang en 1834 la révolte des canuts à Lyon et responsable de la répression de la Commune en 1871 (semaine sanglante du 21 au 28 mai). En cette époque on a utilisé l’armée pour tenter de résoudre les problèmes du moment!

En ferait on de même à l’heure actuelle?