août4th2020

RETOUR VERS QUELLE INSOUCIANCE?

Depuis que la CoVid 19 est entré dans notre vie, la question se pose pour beaucoup de gens et pour de nombreux médias : retrouvera-t-on après la pandémie l’insouciance d’antan ? Cette question dégage un fort parfum de nostalgie, et fait oublier toute ambiguïté autour de la notion de l’«insouciance», car nous jugeons très négativement un conducteur « insouciant » qui roule à 200km sur l’autoroute, en provoquant des accidents, et très positivement l’«insouciance » vécue au moment d’un coucher de soleil ou d’une activité de méditation.

 

L’«insouciance » est visiblement l’affaire d’un moment, d’une période plus ou moins courte.

La psychologie nous enseigne que vivre des moments sans soucis, est important pour une vie saine, car de vivre une vie avec des soucis sans arrêt, sans pause, sans ressourcement, est mortifère. Or quels types de moments d’insouciance existait-il avant la pandémie ? Il y avait des moments d’insouciance que l’on vivait passivement, par exemple, au cinéma ou devant le petit écran, et des moments d’insouciance que l’on cherchait (et trouvait), par exemple, activement dans la découverte et la contemplation de la nature. Les drogues de toute sorte permettaient de créer artificiellement des courts moments d’insouciance. Pour mieux comprendre tous ces divers types d’insouciance, il paraît utile de distinguer, comme des psychologues, entre sensations, pas très profondes et relativement éphémères, et émotions plus profondes et durables.

 

De quelle insouciance sommes-nous donc nostalgique ? De celle où l’on oublie la nature et ses règles, où on oublie la misère en France, l’endettement colossal (l’insouciance de la cigale) et autres problèmes économiques et sociaux? Sommes-nous plutôt nostalgiques des moments de distraction, où les moments d’insouciance sont vécus passivement, plus par une consommation de sensations que d’émotions ? Sommes-nous nostalgiques de l’insouciance fournie par des stupéfiants ? Ou sommes-nous nostalgiques de moments d’insouciance, activement recherchés, où la nature, si belle dans notre département, n’est pas l’objet d’oubli, mais nous aide à vivre des émotions intenses, et parfois mystérieuses, car indescriptibles ?

 

Si nous voulons retrouver après la pandémie des moments d’insouciance compatibles avec un sens de la responsabilité pour nos concitoyens et les futures générations, il semble qu’il faille les chercher activement, sans drogues, dans le domaine des émotions intenses, et non pas dans celui de la consommation de sensations.