juin29th2021

LA FAMEUSE IDENTITE FRANCAISE

Aborder aujourd’hui la question de l’identité français sans reproduire des schémas militants politiques en vogue et sans , d’autre part, céder à la tentation de jargonner en expert scientifiques autoproclamé, paraît une entreprise audacieuse. Nous l’essayons quand-même.

Tout le monde comprend qu’il faudrait d’abord distinguer entre l’identité d’une personne et l’identité d’un groupe, d’une organisation, d’une nation, entre l’identité d’un/e français/e et celle de la nation française. Les deux identités sont, bien sûr, liées, mais elles ne sont pas  identiques.

Or, avouons-le, la compréhension de ce distinguo se complique ici, dû au fait que nous avons depuis longtemps créé dans notre droit le statut de la « personne morale » pour des organisations, ce qu’il faut distinguer d’un être humain qui est catégorisée comme « personne naturelle ».

Cela étant précisé, il faut souligner que les deux identités ont beaucoup en commun. Le point le plus important est certainement  le fait que l’identité est toujours le résultat d’un processus, d’une vie d’un homme ou d’une femme depuis sa naissance pour l’identité personnelle, ou de l’histoire pour l’identité d’une nation. C’est vrai, que l’échelle du temps n’est pas le même pour les deux identités, mais l’aspect dynamique, avec ses possibilités d’apprentissage et d’adaptation (changements), est inhérent aux deux.

 

Or, pour qu’une identité soit « identifiable », il faut quand-même une certaine stabilité, car sinon tout devient fluide et l’instabilité permanente crée des problèmes, qu’ils soient  « psy » chez les personnes, ou qu’ils provoquent des crises profondes dans une nation. Cette stabilité absolument vitale est toujours potentiellement menacée par des forces de changements, venant de l’extérieur. Face à ces forces plusieurs réactions sont possibles : soit j’y cède, sans réfléchir, comme par exemple « suivre la mode », risquant de perdre ainsi ma singularité, soit j’en accepte certaines et en refuse d’autres, ce qui permets une évolution de ma personnalité, soit encore, par peur, je ne cède à rien, et ainsi mon identité restera figée, et sera source de plus de souffrances dans l’avenir, face à ces forces extérieures qui sont plus fortes que moi.

 

Tirant les conséquences de tout cela pour le débat actuel autour de l’identité française (comme identité de la nation française), les conclusions suivantes s’imposent :

« Les forces de changements » qui provoquent aujourd’hui une crise dans notre société française, ont pris la forme de mise en question de :

a)    l’importance habituelle de la nation dans une Europe politique qui se construit,

b)     de la définition classique de ce qui est « l’Homme » (« paradigme anthropologique ») par l’antispécisme, le transhumanisme, la théorie du genre, l’écologie radicale (« deep écologie »)

c)    de toutes les différentes politiques du passé, en regard de la crise écologique de notre planète

d)    de tous les modèles utopiques anciennes,  du « communisme », du « mondialisme », du «  christianisme », du « laïcisme », du « progressisme » etc.

 

Face à cela, il faudrait qu’en France nous  soyons capables de réfléchir, de discerner et de regarder sereinement notre histoire avec les valeurs et les définitions fondamentales que l’on souhaite garder, puis de choisir en toute transparence ce que nous soyons  prêts à changer.

Or, il semble que nous ne soyons pas  prêts à cela. Les « identitaires », c’est vrai, sont les premiers à prendre au sérieux la peur très légitime des gens, mais avec leur proposition d’une identité « catholique » et « nationaliste », ils proposent aux gens une identité réduite et figée. Cette proposition possède le charme de la nostalgie pour de nombreux français/es, mais elle invite plus à une fuite devant les forces de changements qu’à une confrontation réfléchie avec elles.

De l’autre côté du spectre politique, les partisans du « progrès » donnent avec leur combat contre les « identitaires » l’impression de vouloir nier une dimension importante de la culture française, de ne pas réaliser qu’à l’époque de la crise écologique on ne vainc plus la peur avec l’utopie du « progrès », et de vouloir, sous son manteau, introduire des changements fondamentaux quasi « inévitables » dans la société française, alors qu’une grande partie des français/es n’en veulent pas, et ne les considèrent pas comme « inévitables ».