oct19th2023

LA DIFFERENCE DES SEXES

Depuis les origines de l’humanité la question de la différence des sexes entre masculin et féminin a été le sujet de beaucoup d’histoires, de belles et d’horribles, et régulièrement liée à des jugements moraux. Notre époque n’en fait pas d’exception, et ainsi on pourrait dire : « rien de nouveau sous le soleil ! ». Il y a cependant récemment du changement :

Un sentiment domine actuellement dans notre société où l’idéologie du genre (à ne pas confondre avec la théorie scientifique du genre) affirme que l’être humain décide et doit décider finalement son genre, et ne doit pas se comporter comme esclave de son sexe biologique. Ce qui est donc apparemment nouveau sous le soleil, c’est que la différence des sexes n’est plus subie, mais devient l’objet d’un CHOIX.

Chaque idéologie comporte par nature toujours une composante moralisatrice, qui dit ce qu’il faut faire comme « bonnes » actions, ce qu’il faut avoir comme « bons comportements » etc. Chaque idéologie désigne les « gentils » et les « méchants » en combinant cela avec la volonté d’imposer sa pensée à tous,  même si nécessaire avec la force. L’idéologie du genre n’en fait pas une exception, comme nous le vivons actuellement dans nos sociétés occidentales.

Or si le genre devient donc un objet de choix, la question morale liée à la différence des sexes biologiques se pose, en effet, d’une façon historiquement nouvelle.

Dans le passé il fallait voir dans quelle mesure mon attitude envers mon propre corps et envers le corps de l’autre, mon attitude et mon comportement face aux attentes de la société dans laquelle je suis né/e (rôles, fonctions, normes morales) étaient compatibles ou en conflit avec elle. En cas de conflit, il fallait voir dans quelle mesure je pourrais être quand même « heureux », et dans quelle mesure je pourrais changer les attentes de la société.

Aujourd’hui l’idéologie du genre nous invite à nous positionner clairement en répondant aux questions (éthiques) suivantes :

1)    Qu’est-ce que pour moi le « vrai », le « bon » genre féminin ?

2)    Qu’est-ce que pour moi le « vrai », le « bon » genre masculin ?

3)    Dans quelle mesure je devrais pouvoir exiger de la société et ses médecins (par une loi qui me donne alors un « droit ») de changer mon sexe biologique, s’il ne correspond pas à mon choix de genre ?

4)    Est-ce éthique de ne pas choisir entre masculin ou féminin  ou de choisir les deux (transgenre).

5)    La « différence » est-elle une valeur éthique valorisante ou une valeur néfaste pour les transgenres ?

6)    La valeur éthique de « l’égalité » implique t-elle la nécessité de supprimer la différence sexuelle en tant que telle, car source de « discrimination » ?

7)    Comment résoudre la contradiction de solliciter, d’une part, la nature comme référence morale pour guider mon engagement écologique, et refuser, d’autre part, la même nature, avec ses sexes biologiques, comme référence morale pour mon choix de genre ?

 

Ces questions montrent bien qu’il y a ici quelque chose de neuf, rendu possible par un hyper-individualisme de nos sociétés occidentales, qui fait que les structures collectives (état, institutions religieuses, entreprises, familles) sont devenues des structures contestées et de moins et moins respectées.

Ce qui n’est pas nouveau, et très ancien dans l’arrière fond de l’idéologie du genre, c’est le postulat que l’esprit humain est supérieur à la nature, donc aussi à ce qu’est son corps. Ce postulat était le crédo de la gnose à l’époque des grecs, de la religion perse, et aussi de celle des cathares ; un postulat auquel la religion chrétienne « non-hérétique » s’est opposée en soulignant qu’il ne fallait pas séparer corps et esprit, mais de les considérer comme liés, illustré par l’incarnation d’un Dieu (esprit) en un certain homme, nommé Jésus. Vu l’affaiblissement de cette pensée chrétienne, combiné avec l’affaiblissement de ses manifestations institutionnalisées, il n’est pas étonnant d’être aujourd’hui témoin d’une reviviscence de cette pensée « gnostique » dualiste, qui trouve son expression la plus forte dans le « transhumanisme », qui pense que l’usage de la science et des techniques issues de l’esprit humain seraient capables de favoriser l’augmentation des capacités physiques et mentales de l’Homme.

Ce qui n’est également pas nouveau c’est d’assister à la récupération idéologique des recherches scientifiques avec des conséquences graves pour la société. Beaucoup de nos lecteurs savent que la théorie d’évolution de Darwin a été déformé en idéologie du « plus fort », et la théorie des races déformée en idéologie du racisme.

Les positions philosophiques des membres du CRI sont, heureusement, diverses, mais un esprit critique, ANTI-IDEOLOGIQUE, présente un des fondements partagés de notre cercle. C’est dans cet esprit que s’est développée cette réflexion sur la différence des sexes.