EST IL ENCORE POSSIBLE D’INFORMER EN RESTANT POLITIQUEMENT CORRECT?
Publié le 8 septembre 2022
Depuis plus de 20 ans nous essayons au sein de notre association spinalienne« Cercle de Réflexion et d’Information » (CRI) de réfléchir ensemble sur des données objectives(après collecte d’informations) en respectant nos convictions et sensibilités différentes puis d’en tirer des conclusions communes et ensuite de les faire partager au grand public. S’ajoute donc aux soucis d’objectivité au niveau des informations la dimension subjective de nos convictions et sensibilités. Cette dimension subjective, individuelle au début, devient une subjectivité partagée, grâce à notre culture de débat interne, où l’argument, la raison, priment sur l’émotion et la rhétorique, le tout encadré par les valeurs morales de notre république.
Informer est difficile
Or nous constatons depuis des années qu’il devient de plus en plus difficile, chers lecteurs et chères lectrices, de vous informer, et de vous présenter les résultats de notre réflexion, sans être soupçonnés de faire de la rhétorique déguisée. Pourquoi ? La réponse se trouve dans les évolutions sociétales en France où les mœurs s’américanisent de plus en plus (Cancel Culture, mouvement Woke, LGBTQI+ etc..), soutenues elle mêmes par des forces politiques (extrême droite et extrême gauche) qui continuent par ailleurs, hormis les sujets sociétaux, à rendre souvent hommage à un antiaméricanisme primaire. A cela s’ajoutent les réseaux sociaux, où « fake news », émotions et mauvaise rhétorique dominent. On peut y joindre l’apparition des nouvelles chaînes « d’information politique », qui, malgré l’étiquette « information », soulignent qu’elles sont plus des chaînes d’opinion, plus que d’être des chaînes « informations objectives ».
L’attaque personnelle prévaut contre l’argumentation
Pour établir en France les nouvelles mœurs au nom du « progrès », valeur morale chère aux citoyens français, il faut éduquer les enfants par de nouveaux programmes scolaires (en particulier en Histoire de France), et faire des lois qui transforment les personnes critiques envers ce « progrès » en délinquants. Cette approche est classique de la rhétorique dans les régimes « autoritaires » où, au lieu de présenter un contre- argument contre son adversaire, on va l’attaquer personnellement (en science de rhétorique cela s’appelle l’attaque « ad hominem »), en lui reprochant des intentions ou comportements immoraux. Comme si la qualité morale d’une personne et la qualité de son argument étaient logiquement liées. Les nouvelles lois déterminent aussi les mots à utiliser et les mots « interdits ».On interdit des mots toujours sous prétexte de « protéger », car les protecteurs sont convaincus que de nombreux français sont encore « retardataires » dans leur évolution sociétale, et non accessibles aux arguments du politiquement correct. En interdisant certaines expressions, on crée des nouveaux tabous, et cela à une époque où les mêmes adeptes du « progrès » sont fiers de lutter contre des tabous.
Un exemple où cette méfiance envers une partie du peuple français se transforme dans une vraie marche sur les œufs, est la communication dans les médias sur la variole de singe. Le problème est que cette variole trouve son origine chez les primates et qu’elle concerne, au moins en apparence actuellement, d’une façon dominante les hommes homosexuels, car transmissible surtout lors des rapports sexuels entre hommes.Vu l’expérience du SIDA dans le passé, et convaincus que la mentalité de beaucoup de français potentiellement homophobes n’a pas encore évolué, malgré la loi permettant le mariage pour des couples homosexuels, les responsables des médias en France évitent donc dans ce contexte le « mot » homosexuel ».A la place de ce mot on dit que cette variole se propage « chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes », ou en parle (comme l’a fait un ministre) de « la population cible ». En plus, pour protéger les hommes homosexuels s’ajoute maintenant l’idée de ne plus parler de la variole de singe, mais de trouver un autre mot pour cette maladie.Cet exemple montre encore une fois comment des intentions hautement louables : ici, lutter contre la discrimination des personnes LGTBQI+, traduites en législation répressive et contrôle des mots, créent des « effets collatéraux » fondamentaux dans la société : une partie du peuple ressent une grande méfiance pour « l’élite éclairée » utilisant ces glissements sémantiques.Des humoristes, des caricaturistes, qui veulent garder leur liberté d’artiste, protestent, car ils ne veulent pas se transformer en propagandistes du « sociétalement correct ». Donc, pour le CRI, se pose la question s’il peut encore utiliser le mot « homosexuel » sans être soupçonné d’être homophobe et d’être traîné devant les tribunaux.Nous avons pris cet exemple de l’homosexualité à l’occasion de l’arrivée de cette nouvelle épidémie concernant la variole du singe. Mais en réalité, la plupart des qualificatifs à connotation défavorable pourraient être ainsi dépossédés de leur sens pour ne pas fustiger ou stigmatiser comme par exemple voleur, traître, assassin etc…
L’autocensure progresse
Nous sommes entrés dans une nouvelle époque d’autocensure. Beaucoup de responsables dans le domaine de la politique, des médias, des entreprises, et beaucoup de nous dans nos familles et dans notre vie privée en général la pratique, ce qui n’est pas du tout bon pour une société démocratique, mais plutôt annonciateur d’une forme de totalitarisme au minimum intellectuel mais pouvant devenir politique en interdisant de dire les choses telles qu’elles sont dans l’information et en sanctionnant si on le fait.